Le « vibe coding » : quand l’ia révolutionne le développement web

Alors que les outils no-code nous bluffent sans totalement nous convaincre, une autre tendance fait du bruit dans notre métier de dev web. J’observe ça depuis quelques mois en tant que freelance et formateur : le « vibe coding » interroge ce que signifie « développer » en 2025.
Pas forcément une révolution – plutôt une évolution qui divise. Andrej Karpathy l’a popularisé, mais sur le terrain, c’est plus nuancé : passer de l’écriture de code à la formulation d’intentions. Au lieu de taper du Laravel ligne par ligne, on converse avec Claude ou Cursor pour générer du fonctionnel.
Et après avoir testé ça sur plusieurs projets, je dois avouer que c’est… mitigé.
Quand le prompt remplace le clavier : mes premiers tests (et leurs limites)
La promesse : j’ouvre Claude et j’écris « crée-moi une api Laravel avec authentification jwt, crud pour les articles, et une interface Vue.js pour la gestion ». Quinze minutes plus tard, j’ai une app fonctionnelle prête à déployer.

La réalité sur mon projet interne prograform ? Un peu différente. J’avais besoin d’une plateforme pour gérer mes formations et contenus pédagogiques. Avec le vibe coding :
Jour 1 : prototype qui marche… à moitié (bugs dans l’auth, structure db bancale)
Jour 2 : debug du code généré, refactoring des parties critiques
Jour 3 : réécriture de 40% du code pour que ça tienne la route
Résultat : j’ai gagné du temps sur le boilerplate, mais j’ai passé autant d’heures à nettoyer que j’en aurais passé à coder proprement dès le début. Nuance importante.
La redéfinition de « technique » : vraiment ?
Être un dev « technique » aujourd’hui, c’est supposé changer. Les nouvelles compétences qu’on nous vend :
- Savoir architecturer une solution (ça, c’était déjà le cas avant)
- Maîtriser le dialogue avec l’ia (aka apprendre à bien formuler)
- Comprendre les systèmes (encore une fois, rien de neuf)
- Itérer rapidement (iterative development, années 2000 anyone ?)
Pour nous, freelances français, c’est surtout du rebranding de compétences qu’on avait déjà. Je vois mes confrères se diviser : ceux qui pensent que c’est le futur et ceux qui restent sceptiques sur la qualité du code généré. Perso, je penche plutôt vers le second camp.
Mon workflow hybride : claude + beaucoup de debugging
L’ancien process qu’on connaissait tous :

Mon nouveau process avec l’ia :

Ma stack actuelle quand j’utilise l’ia :
Backend :
- Supabase ou Firebase (pratique, mais vendor lock)
- Api générée via prompts (souvent bancale côté sécurité)
- Auth qui marche… quand elle veut
Frontend :
- Next.js avec Tailwind (les composants générés sont génériques)
- Beaucoup de personnalisation post-génération
Réalité :
- 50% du temps gagné sur le setup initial
- 50% du temps perdu à comprendre et corriger le code généré
Les nouveaux rôles émergents : ou le marketing du moment ?
En tant que formateur, je vois mes étudiants s’emballer sur ces outils. Ils pensent apprendre plus vite, mais ils perdent les fondamentaux :
- Prompt engineering : certes utile, mais ça remplace pas la logique
- Ai debugging : comprendre le code des autres, on faisait ça avec Stack Overflow
- Architecture conversationnelle : découper en tâches, encore rien de révolutionnaire
Le problème ? Mes étudiants qui commencent par l’ia ont du mal à comprendre pourquoi leur code plante. Ils savent demander, pas diagnostiquer.
Où ça peut aider (et où ça coince sérieusement)

✅ Le vibe coding aide sur :
- Boilerplate et setup initial rapide
- Prototypes jetables pour tester des concepts
- Code simple et standardisé
- Inspiration quand on sèche
⚠️ Où ça pose problème :
- Code de production (qualité variable, bugs subtils)
- Sécurité (l’ia suit pas toujours les bonnes pratiques)
- Performance (code générique, pas optimisé)
- Maintenance (comprendre le code généré par un autre)
- Apprentissage (dépendance sans comprendre)
Pour du sérieux, l’expertise humaine reste indispensable. Le vibe coding devient un assistant, pas un remplacement.
Opportunités business : hype ou réalité ?
Cette tendance crée de nouveaux marchés, certes :
Consultant en « ai-augmented development » :
Mais concrètement, c’est former les gens à utiliser ChatGPT pour coder. Pas sûr que ça dure.
Architecte de solutions hybrides :
Aka « dev senior qui sait quand utiliser l’ia et quand pas ». C’est du consulting classique rebrandé.
Formateur nouvelle génération :
Enseigner à dépendre d’outils propriétaires ? Pas mon truc.
L’avenir du développement web : évolution ou régression ?
Le vibe coding change peut-être notre métier, mais pas forcément en mieux. On risque de devenir des assembleurs de code généré plutôt que des créateurs.
Les risques que je vois :
- Perte de compétences fondamentales
- Dépendance à des outils propriétaires
- Qualité de code en baisse
- Debugging plus complexe
- Formation au rabais
Ma position perso ? Ces outils peuvent aider sur des tâches spécifiques, mais remplacer la réflexion et l’expertise par des prompts, c’est dangereux pour notre métier.
L’avenir ? Probablement un mix, mais en gardant un œil critique sur ce qu’on génère et pourquoi.
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